de Benoît Jacquot ( sortie: le 21 mars 2012)
Scénario de Benoît Jacquot et Gilles Taurand
En 1789, Sidonie Laborde (Léa Seydoux) vit au château de Versailles. Elle est la lectrice de Marie Antoinette ( Diane Kruger) . Fascinée par celle - ci , ses journées entières lui sont consacrées. Cependant, le 14 juillet , le peuple prend la Bastille...
Versailles vue de l'intérieur ... En adaptant, le livre de Chantal Thomas, le réalisateur Benoit Jacquot revisite, à sa manière, l'épisode historique de la Révolution française. Loin de la vision "carte postale" qu'a pu nous donner Sofia Coppola avec son Marie- Antoinette en 2005, le cinéaste français filme un Versailles où les rats font légion. Les couloirs sont sombres et étroits. A la manière de la série Downton Abbey, Benoit Jacquot s'intéresse au peuple d'en bas c'est à dire l'ensemble des domestiques au service du couple royale qui vivent dans la partie inférieure du château, les endroits bien souvent cachés. Le réalisateur nous montre les coulisses: les messes basses qui sont échangées dans les antichambres, la hiérarchie entre les domestiques . C'est aussi de l'intérieur du château que le spectateur ressent la menace de la Révolution. L'intrigue se déroule sur quelques jours seulement pour intensifier le mouvement de panique de la famille royale, des conseillers, des courtisans et de l'ensemble du personnel. L'on suit plus particulièrement le parcours de Sidonie, la lectrice de la reine et occasionellement sa brodeuse. Fascinée par Marie - Antoinette, elle est prête à tout pour répondre à la moindre de ses envies et pour passer de brefs instants avec celle- ci à un tel point qu'elle ne se rend pas compte des vraies intentions de la reine. Cette dernière ne vit que pour Gabrielle de Polignac, une comtesse endettée, qu'elle a pris sous son aile. De cette relation particulière entre les trois jeunes femmes, se dégage une certaine sensualité Les Adieux à la reine évoque aussi la fin d'un régime. Les courtisans, sous le choc et apeurés, fuient le château, abandonnant les monarques à leur sort . On s'affole. La reine est à fleur de peau. Elle laisse tomber le masque. Finis, perruques , dentelles et bijoux. Diane Kruger est parfaite dans ce rôle. Elle arrive à interpréter cette reine ambigue et lunatique notamment dans cette scène. La caméra la surprend quittant tous ses apparats et rèvèle une grimace , signe d'un régime déchu. Léa Seydoux , quant à elle , interprète avec simplicité cette jeune servante aveuglée par sa reine. La caméra la suit au plus près, dans le moindre de ses mouvements et déplacements dans les couloirs du château. Elle est celle par lequel le spectateur voit et entend ce qui se passe dans l'intimité de Versailles.
Les adieux à la reine est donc un long - métrage, qui aborde d'un angle différent et avec réalisme, cette épisode marquant de l'histoire de France. Nous sommes loin de l'univers frivole créé par Sofia Coppola. Par le personnage de Sibonie, le réalisateur place ici le spectateur en tant que témoin de la vie versaillaise pendant ces quelques jours décisifs avant la fin du régime monarchique.
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